Premier jour
Quand j’arrive ce samedi matin, il neige et l’environnement est tout blanc. Je me demande ce que je fais là. La balade que j’avais prévue est inappropriée et il me faut un plan B.
Après avoir récupéré une carte des randonnées à l’office du tourisme, je me dirige vers le premier tea-room que je trouve et m’installe au chaud pour boire un café et consulter la carte.
Je décide de me rendre à Saas-Almagell et aviserai ensuite.
Un large chemin carrossable dans la forêt et tout de suite je me remets de mes émotions et retrouve ma sérénité.
Au village de Saas-Almagell, les nuages s’ouvrent et laissent entrevoir le soleil et les sommets environnants. Je poursuis jusqu’à Zer Meiggeiru. Sur le chemin du retour, je m’arrête dans un restaurant typique pour manger une soupe et me réchauffer.
J’ai beaucoup apprécié cette balade improvisée et connais déjà la sortie de demain.
Nathalie
Distance 11.5 km – dénivelé ↑↓388m – durée indiquée 3h09











Deuxième jour
Ce dimanche matin, changement de décor, le ciel est bleu immaculé
Je choisis de rejoindre Hannig, la station supérieure de la télécabine à l’inverse du Gemsweg (chemin des chamois) proposé.
Je marche sur de larges routes et partout on sent l’empreinte du ski, canons à neige, remonte-pentes et pentes désertiques. Il fait frais et le givre recouvre les champs.
J’arrive en milieu de matinée à Glestschergrotta, le temps indiqué de (seulement) 2h30 jusqu’à Hannig, m’encourage à faire un aller-retour jusqu’à Spielboden.
Une belle montée dans la forêt, puis dans les pâturages, un sentier en lacets, une vue phénoménale, je suis ravie. Soudain je reconnais le lieu, je suis venue à Saas-Fee il y a plus de 30 ans et c’est en dessous de Spielboden que les marmottes, habituées à la présence humaine, viennent chercher morceaux de pomme et de carotte presque dans la main. Je me demande si cela est encore pareil. En tout cas aucune marmotte n’est visible. En arrivant dans les derniers virages avant mon but, je croise quelques familles, équipées de victuailles à marmottes vendues par le restaurant d’altitude. Donc c’est encore actuel.
Sur la terrasse, je profite d’une tisane de menthe fraiche devant un panorama grandiose (quelque peu caché par le bâtiment du téléphérique). J’ai un peu de peine à sortir de ma contemplation et descendre.
Entre temps, il y a du monde qui est parti à la recherche des marmottes, seulement elles sont déjà rangées pour l’hiver. La neige d’hier les a peut-être encouragées. Les enfants sont déçus et quelques sanglots se font entendre.
J’arrive à Gletschgrotta et je profite de la jolie terrasse pour manger une assiette.
Changement de décor passé le restaurant, une puissante descente dans les éboulis du glacier, je me sens toute petite au point le plus bas dans ce paysage de moraines. Le chemin monte sur l’autre versant dévoilant petit à petit tout le cirque montagneux autour.
Maintenant je suis sur un sentier à flanc de côteau comme j’adore, au-dessus de 2’000m, avec les couleurs d’automne, les myrtilliers rouges, les rhododendrons, les genévriers, les herbes jaunies et ce parfum d’automne caractéristique. Au point 2300, petite pause, la fatigue commence à se faire sentir. Un dernier effort et je suis à Hannig. Un arrêt goûter sur la terrasse du restaurant devant un panorama de rêve me permet de récupérer. Il est temps de repartir, après réflexion, je choisis de descendre à pied plutôt qu’en télécabine pour profiter encore de cette nature généreuse. Quelques sculptures en bois accrochées aux arbres parsèment le chemin.
Distance 14.7 km – dénivelé ↑↓1138m – durée indiquée 4h46





















Troisième jour
Ciel immaculé ce matin, je me rends à Gspon, hameau perché à 1890m au-dessus de Stalden. C’est un chemin d’altitude qui va me mener à Kreuzboden sur les hauts de Saas-Grund.
Après avoir admiré des mazots typiques bien entretenus, je démarre dans une forêt d’arolles et de mélèzes, encore verts, même si quelques branches donnent le ton doré de l’automne. J’admire les troncs, les mousses, les sommets sur l’autre versant, je suis en mode contemplatif.
Après Finilu, le chemin devient étroit et il y a plusieurs ravines où un pied sûr est nécessaire.
Après Schwarzwald, je traverse des alpages et pâturages jaunis déjà vidés de leur bétail. La vue sur la vallée de Saas et ses sommets est omniprésente et toute à mon admiration, j’ai tendance à accumuler les photos.
Pause pique-nique devant cette splendeur, encore une fois, j’ai de la peine à repartir tellement je suis fascinée.
Tout le long du chemin, je rejoins ou me fait dépasser par les quelques randonneurs partis en même temps que moi et nous avons le même regard ébloui.
A linde Bode, je peux soit descendre sur Saas-Grund ou rejoindre Kreuzboden. J’avais gardé l’option ouverte en fonction du chemin parcouru, car la dernière télécabine part à 16h30 de Kreuzboden. Il reste environ 1h30 de marche, j’ai largement le temps de rejoindre Kreuzboden.
Le paysage commence à s’ouvrir sur les Mischabel et j’aperçois par moments le barrage de Mattmarksee. Puis le sentier change, de herbeux il devient pierreux. Je traverse un long et fatigant ancien ébouli, où chaque pas demande concentration et précision. Heureusement, les balises sont nombreuses et faciles à suivre. Il n’est plus question de contemplation ou d’avoir le nez en l’air. Par moments le chemin est libre de roches, pour mieux rejoindre un autre ébouli.
Enfin, je me retrouve au-dessus de Kreuzboden, j’ai perdu toute notion du temps. Un des randonneurs que j’ai suivi ce matin est assis sur un banc et nous échangeons sur ce terrain exigeant. Il est bâlois et est venu pour la journée.
Un joli lac (l’eau est glacée, j’y trempe seulement les pieds), quelques photos et je retourne à Saas-Fee en télécabine et bus postal.
Distance 14.1 km – dénivelé ↑887m – ↓386m – durée indiquée 4h30


































Qautrième jour
Au réveil, je me rends compte que la marche dans les éboulis d’hier a laissé des traces et la sortie prévue ne va pas convenir. Je choisis donc de me rendre en bus postal à Mattmarksee et de faire le tour du lac pour faire bouger en douceur mes muscles endoloris.
Le ciel est un peu couvert et le lac change de couleur selon l’éclairage. Depuis le fond du lac, on peut rejoindre le Moro Pass qui est la frontière avec l’Italie et un ancien passage important avant la construction du chemin de fer du Simplon. D’ailleurs Saas-Fee a coupé ses forêts alentour pour fournir le bois nécessaire à la construction au début du 20e siècle et a fait face ensuite à de nombreux éboulements. Cela a encouragé la commune à reboiser les pentes autour du village et voter un règlement communal strict sur les coupes de bois futures.
J’observe la neige toute proche, le givre et les premiers glaçons de la saison. Il y a de gros blocs de roche verte et de nombreux torrents qui se déversent vigoureusement dans le lac.
Une fois de retour sur le barrage après deux heures de plat, les pieds me démangent et je décide de retourner à pied jusqu’à Saas-Fee. Une fois engagée dans la pente, le soleil apparaît franchement et me réchauffe. Le sentier traverse une forêt clairsemée de mélèzes et d’arolles, je retrouve toutes mes sensations et capacités. Je rejoins Saas-Almagell puis Saas-Fee par le même chemin que le premier jour.
Distance 16.4 km – dénivelé ↑307m – ↓720m – durée indiquée 4h19

















Cinquième jour
Pour le jour de mon départ, j’ai prévu de me rendre à Randa et à sa passerelle Charles Kuonen longue d’un peu moins de 500m. Cela fait longtemps que je l’ai dans ma liste de souhaits.
J’aborde le tour dans le sens des aiguilles de la montre, en montant le long de la rive droite du torrent. Il y a du brouillard, des nuages bas et j’espère que cela ne durera pas. Néanmoins, cela donne de jolis coups d’œil sur la vallée et les sommets environnants, notamment le Weisshorn.
Je dépasse une famille avec deux jeunes enfants qui font une pause ravitaillement et quand j’arrive à la passerelle je suis toute seule. Je bois du thé, je me couvre après avoir bien transpiré dans la montée et je prends un moment pour m’imprégner du lieu et me préparer à la traversée.
Je m’engage gentiment, rien ne bouge, quand je m’arrête pour regarder et prendre quelques photos, une légère vibration se fait ressentir, ténue. En fait, je prends mon temps, il n’y a personne ni devant ni derrière moi et je profite vraiment du parcours. Un peu avant la fin, je sens mes jambes et me rends compte que j’ai marché comme sur des œufs.
Je prends encore quelques photos depuis l’autre côté et descends jusqu’à un mazot bien ensoleillé pour pique-niquer. Il y a du monde qui arrive dans ce sens.
La descente est dans la forêt, avec des vues sur les sommets alentour et je rejoins facilement mon point de départ.
En conclusion, c’est une région que j’ai adoré découvrir, la proximité des glaciers, les sommets à plus de 4000m, une nature préservée contribuent au dépaysement et au ressourcement.
Nathalie