Corbeyrier – tour des Sex

Samedi 24 juillet 2021

Après quelques semaines sans randonnées, plus dédiées au repos et à une forme d’intériorité, Didier me propose une sortie au-dessus de Corbeyrier.

Après réflexion, j’accepte avec grand plaisir, d’autant que la sortie est dans la moyenne inférieure de ce que nous faisons habituellement. Une bonne remise en jambes en quelque sorte.

Le temps est encore pluvieux à mon réveil, mais la météo annonce une fenêtre d’accalmie avant le retour des orages en milieu d’après-midi. Et en effet, arrivés à Corbeyrier, le soleil est bien présent et la température parfaite pour entamer la montée vers Luan qui s’avère dès le départ costaude.   

Nous arrivons rapidement à Luan, petit hameau niché dans une combe que je connais déjà, je suis à plusieurs reprises montée jusqu’à la Berneuse depuis ce lieu. D’ailleurs nous empruntons le même chemin pour un moment. Le sentier monte dans la forêt par une route caillouteuse, puis nous rejoignons un sentier tout doux sous les pieds par les aiguilles de sapin jusqu’à une petite habitation, les Mandreys où je profite de faire remplir ma gourde par le sympathique occupant.

De là, le chemin part d’un côté vers la Berneuse et de l’autre vers le col du Tompey et les Agites, notre direction et donc un terrain totalement inconnu pour nous deux.

Didier qui a bien étudié la carte, sait qu’il y a un passage sous le col qui pourrait être délicat pour lui et pour moi aussi du coup. En effet, nous avons développé une certaine peur du vide depuis l’an passé. Chacun de notre côté, nous avons fait en sorte d’améliorer cet état, et nous échangeons par rapport à cela, considérant que cela est dommage que ça nous restreigne dans nos choix de balades. Pour rééduquer notre cerveau, car c’est bien de cela dont il s’agit, j’ai décidé de me confronter à des situations inconfortables à petite dose.  Finalement, ça passe très bien jusqu’au col, où quelques gouttes nous accueillent. Nous discutons avec deux gars qui vont rejoindre Leysin et le temps de la conversation fini, la pluie s’est déjà arrêtée.

Je propose à Didier de nous rendre jusqu’au pied du Sex du Parc aux Feyes pour profiter de la vue éventuelle sur l’autre versant. Aussitôt dit et aussitôt fait. Nous découvrons Nervaux et son lac, que nous ne connaissons pas, et la chaîne montagneuse de Malatraix au Col de Chaude depuis l’est, vue plutôt rare, ce petit détour en valait le coup.

La descente depuis le col du Tompey jusqu’à la ferme du même nom est peu tracée, probablement peu utilisée, et nous prenons, à ma suggestion, les sentes de vaches plutôt que le sentier. Didier, avec une heureuse insistance, nous remet sur le droit chemin.

Nous décidons juste au-dessus de la ferme de faire notre pause repas, avec la vue sur le Léman, les sommets Grammont, Cornettes de Bise, Jumelles, et à côté de nous, les Sex dont nous faisons le tour, Sex des Paccots, des Nombrieux et de la Sarse.

Un bout de route pour repartir, et avant de rejoindre le sentier direction le Grand Chalet et la Veillarde, nous sommes dépassés par quelques trailers, les spectateurs présents les applaudissent, et renseignements pris, nous nous trouvons en partie sur le trajet de la course Bex- Montreux la Mxtreme, 110km D+8000, les coureurs sont en mode automatique et se dirigent vers la remontée des Rochers de Naye.  Nous prenons bien garde de ne pas les gêner et sommes mi-admiratifs mi-abasourdis.

Depuis la Veillarde, c’est selon Didier, une bonne descente puis en « courbe de niveau » jusqu’à une clairière et Corbeyrier. En effet, la descente s’engage, d’abord dans les pâturages, encore bien humides, puis dans la forêt, et la descente continue, et continue encore. Arrivés au lieu-dit les 4 Mélèzes, le chemin part en effet à flanc de coteau et s’enfonce dans la forêt.

Rapidement le sentier se rétrécit, la pente à notre droite s’accentue et nous nous trouvons dans un terrain quelque peu délicat par rapport à cette peur du vide dont nous parlions ce matin. Comme nous sommes sur la dernière partie du parcours, il ne nous vient pas à l’idée de faire demi-tour et nous nous engageons en toute conscience, bien présents et concentrés sur nos pas.

Nous allons vivre un test grandeur nature, à peu près tout ce que nous n’aurions pas voulu traverser va se présenter à nous. Des descentes raides dans la pente, des passages escarpés entre des rochers, un pierrier exposé avec une sente peu marquée, une remontée très raide qui nous prend encore des ressources, un premier passage avec une chaîne, un second dans lequel la chaine cassée manque sur quelques mètres, un tronc en travers du sentier dans une pente vertigineuse et pour finir un sentier étroit au-dessus de parois verticales.

Un banc nous accueille avec une vue royale sur le Chablais pour une mini-pause, et un deuxième vers la clairière enfin atteinte où nous finissons nos boissons et faisons le bilan positif et encourageant de cette traversée.

Je souhaite ici mentionner deux choses, la première c’est que les récentes intempéries ont causé de nombreux dégâts sur les sentiers et que je suis admirative du travail accompli pour les rendre praticables, à part le bout de chaîne manquant, et la deuxième, nous sommes reconnaissants de notre bonne forme physique, qui nous a permis de traverser ce passage sans épuisement, et même s’il avait fallu faire demi-tour par prudence ou impossibilité de passer, nous en avions les capacités.

Une bière sur la terrasse du restaurant à Corbeyrier finit de nous désaltérer et de nous ressourcer.

Nathalie

Distance 11.2 km  d+-980m  durée indiquée 4h46

Itinéraire