Dimanche 3 mai 2020
Ces dernières semaines, toutes les randonnées se sont faites dans notre région, je pense avoir fait à peu près tous les sommets proches du Jura et serpenté dans la région Vevey Montreux en large et en travers suite à la situation de semi-confinement.
Alors nous décidons de partir de Château d’Oex, région que je connais peu et qui me tente bien. Pierre-André est enthousiaste, car lui aussi a envie de changer du Jura.
Bon c’était sans compter la météo qui annonce des nuages bas sur les sommets, donc aucun intérêt de nous rendre « si loin » pour ne pas profiter du paysage, donc un plan B, sans aller dans le Jura, et en partant plutôt de la plaine pour éviter les nuages.
Je pense au Col de Chaude, j’y suis allé une fois depuis les Rochers de Naye, mais nous décidons de partir de Villeneuve, je ne l’ai jamais fait, mais un copain m’en avait parlé il y a une vingtaine d’années….
Nous nous rendons en train ce qui nous permettra de redescendre via Sonchaux sur Montreux le cas échéant en fonction de notre forme et envie.
Le sentier longe au départ la Tinière, cette rivière qui déborde régulièrement depuis l’époque des Bernois ! et spectaculairement entre 2005 et 2009 et en 2013 et 2014. Par contre, l’éboulement qui avait coupé l’autoroute en 1995 a été provoqué par le Pissot, un torrent qui déverse l’eau accumulée dans la combe du même nom à 800 m. d’altitude. Ce jour, nous l’admirons avec les reflets du soleil timide. Tout de suite nous comprenons que la montée va être costaude, la pente s’accentue et ne faiblira plus. Nous traversons un hameau, les anciennes maisons rénovées avec soin dominent le Léman puis le chemin s’enfile dans la forêt, rétrécit et monte en lacets, et monte en lacets et monte en lacets, nous admirons les arbres, l’ambiance de cette forêt, profitons du chant des oiseaux pour nous encourager dans notre effort. Première halte vers une cabane de bucheron, et là panneau indiquant passerelle déposée du 1er mai au 1er octobre ???, rapide appel à nos neurones ah oui nous sommes le 3 mai, donc la passerelle devrait être en place ! Le chemin devient très étroit et avec la pluie du jour précédent, très gras et glissant, et la pente sur notre gauche est plutôt impressionnante, quelques chaînes, et oui la passerelle est là qui nous attend, Pierre-André s’y engage en premier, ça bouge, et quand il atteint l’autre côté, c’est mon tour, relativement peu sensible au vide et aux passerelles, celle-ci m’impressionne et me fait des gargouillis dans l’estomac tellement ça bouge. Nous reprenons notre route, toujours sur un sentier étroit et mouillé et sécurisé par endroits. Après plus de 2h de marche, nous aspirons à une pause mais attendons de trouver une autre cabane de bucheron, toute neuve celle-ci pour boire et manger un en-cas, le ciel est gris, il y a du brouillard et nous nous refroidissons vite, il faut dire que nous avons plutôt transpiré pour arriver jusque-là, et là la fenêtre de la cabane s’ouvre et un homme engage la conversation il est au chaud, il a fait du feu et nous invite à le rejoindre, mais le calcul est vite fait, il est trop tôt pour manger et si nous nous arrêtons là, pas sûr que nous ayons envie de repartir, nous échangeons sur la beauté sauvage de cette vallée, sur la situation particulière actuelle et repartons non sans un regret en passant près de la porte et en sentant la chaleur du poêle…
Le chemin s’adoucit quelque peu, plus large, moins glissant et nous arrivons à Auféru. Là, le sentier direction col de Chaude est fermé pour cause d’éboulement et empruntons la route non asphaltée pour rejoindre le point 1290m sur la route du col par la Joux de Noirmont et la Joux du Grand Cartey.
Nous renonçons à la possibilité de rejoindre le col de Chaude depuis ce point, les nuages sont toujours présents donc la vue sera réduite et nous voulons manger et repartir à la montée le ventre plein ne nous tente guère. A la bifurcation Villeneuve ou Montreux, nous décidons de rejoindre Montreux par Sonchaux parce que Pierre-André qui a passé de nombreuses années dans le chalet de ses parents sous la dent de Jaman a entendu parler de Sonchaux à de nombreuses reprises sans jamais y être allé.
Nous trouvons un large pâturage avec vue pour partager notre pique-nique et bénéficions de quelques rayons de soleil qui sont bienvenus et nous réchauffent. Nous avons aussi enfilé des habits secs et nous sommes confortablement installés.
Pour rejoindre Sonchaux, d’abord une route, puis un chemin et pour finir un sentier qui monte vigoureusement et qui n’en finit pas. Sonchaux sans son restaurant ouvert n’a que peu d’intérêt et Pierre-André est probablement un peu déçu. Nous empruntons la route direction Caux puis nous entamons la descente sur un sentier très technique dû à la pluie de la veille pour rejoindre Glion, notre vigilance est au maximum. Depuis Glion, les escaliers du télégraphe, à la descente, très fréquentés en ce dimanche après-midi par des familles, nous nous retrouvons rapidement aux Planches, arrêt bière dans la petite épicerie où la patronne se réjouit de prendre des vacances, cela fait 6 semaines qu’elle est le seul commerce ouvert dans le quartier et elle est fatiguée et se réjouit de revoir les autres tenanciers d’établissements.
Nous rejoignons tranquillement la gare et rentrons contents d’avoir découvert encore une fois un proche si étonnant et sauvage.
Nathalie (texte et photos).
Longueur 19,3 km, durée 7h00, dénivelé + 1242 / – 1234 m
Randonnée réservée aux bons marcheurs non sujets au vertige.