Col de Mille

Samedi 9 octobre 2021

Encore une grande envie de montagne et d’altitude, un peu de neige est tombée cette semaine, en petite quantité et après quelques jours de beau, la limite semble être bien au-dessus de 2000m.

Je me décide pour un endroit qui me fait envie depuis de nombreuses années, le Col de Mille. Je suis bien consciente que ce n’est pas sur le versant le plus ensoleillé du Val de Bagnes, j’hésite à partir de Liddes et renonce.
La plupart des itinéraires partent de Bruson, pourtant c’est depuis la Montot que je démarre. Lors du Tour des Villages du Val de Bagnes ce printemps, j’avais vu le départ dans la forêt et ça m’avait attiré de le faire depuis là. Donc acte. Le long du torrent qui ne semble pas avoir de nom, des travaux ont mis à mal la route forestière, d’ailleurs le passage est interdit aux piétons jusqu’au 8 octobre, ouf c’était hier. Je trouve rapidement un sentier qui s’élève vigoureusement, et quelques rayons de soleil filtrent à travers les arbres. Je me retrouve le long du bisse des ravines et un ouvrage en bois d’où l’eau s’écoule en cascade, c’est magnifique. Je lis sur les panneaux pédestres, col de Mille 3h55. Je ne suis pas rendue.

Le chemin s’élève ensuite régulièrement dans la forêt avec des vues sur l’autre versant et quelques sommets. Je traverse le Vintsiè, hameau posé sur un pâturage ensoleillé et je continue à monter. Dans les derniers moments avant l’alpage du Tseppi, déjà déserté pour l’hiver, je manque quelque peu d’énergie, ça fait déjà deux heures que je marche. Un en-cas, adossée au chalet, avec le Mont Rogneux légèrement enneigé en ligne de mire, j’ai un peu de peine à repartir devant ce paysage enchanteur.

Je me trouve sur une route carrossable et, au carrefour du chemin montant de Bruson, une bonne vingtaine de chasseurs se restaurent assis sur des troncs d’arbres. On se salue et je continue sur la route direction les Écuries de Mille. La route monte régulièrement en lacets et j’aperçois une randonneuse un peu en-dessous de moi. La route est barrée pour des travaux de tuyauterie, j’hésite, et m’engage sur les monticules de terre, cailloux, sable qui longent la fouille, d’ailleurs des traces de pas m’indiquent que je ne suis pas la première.
 Je continue mon chemin d’un pas plutôt tranquille, je sens bien que je ne suis pas dans un jour de super forme et décide de rejoindre les Écuries de Mille et ensuite de faire le point. Je me retrouve nez à nez avec la randonneuse qui me suivait, elle a continué par le sentier que je n’ai pas vu. En fait, les panneaux pédestres sont déjà enlevés pour l’hiver et j’ai loupé la bifurcation. Nous échangeons quelques paroles et nous repartons ensemble direction les Écuries. Je lui emboite le pas et le rythme est soutenu, elle vient d’un mayen assez proche, n’a pas de sac à dos et la montée à travers les pâturages est costaude. C’est mon entrainement cardio du jour. Aux Écuries, je la remercie pour l’entrainement et la laisse continuer seule. Je reprends mon souffle, bois et mange un deuxième en-cas et je regarde la carte et la montre. Depuis le Tseppi, il restait 2h20 jusqu’au col et j’en suis à la moitié. Je calcule que je serai plus ou moins vers 15h au sommet, le temps de redescendre j’arrive avant la nuit, ça joue.

Je repars d’abord sur le même genre de sentier qui demande des ressources et ensuite je rejoins de nouveau une sorte de chemin carrossable, qui monte doucement et qui serpente dans ces alpages d’herbes jaunies. Je suis seule au monde sur ce plateau, les marmottes sont rangées pour l’hiver, la semaine dernière elles gambadaient gaiement à Fenestral et ici, personne et aucun bruit.
J’avance avec les parois qui se rapprochent, et la neige avec. J’aperçois une Croix et des panneaux pédestres au sommet d’une sorte de falaise.

Je continue et voit le sentier qui s’engage vers la paroi toute ombragée et très légèrement enneigée. J’enfile ma veste, jusque-là la température était agréable. Je décide de m’y engager, sans prendre de risques, car si cela devient inconfortable, je fais demi-tour. Je n’ai pas d’idée ni de vue par où passe le sentier. Le sol est gelé mais exempt de neige et de glace, j’enchaine les lacets et monte finalement facilement et rapidement pour me retrouver au Col. Vous pouvez imaginer la joie et la satisfaction que je ressens.
Un vent froid souffle, j’enfile une polaire supplémentaire et je m’abrite vers la Cabane du même nom, fermée, pour manger mon sandwich qui a des allures de repas 5 étoiles. La vue sur la Vallée du Grand St-Bernard s’offre à mes yeux, les glaciers du Trient, Orny, Saleinaz et bien que les sommets sont quelques peu cachés dans les nuages, mon plaisir est immense.

Après cette pause incroyable et régénérante, quelques photos et j’entame joyeusement la descente par le même chemin. Cette fois-ci je prends par les sentiers et me retrouve rapidement à passer par les monticules des travaux. Un aigle tournoie au-dessus de moi pendant quelques minutes. C’est le seul animal sauvage que je vois, période de chasse oblige probablement. A la bifurcation où les chasseurs mangeaient, je décide de prendre la direction de Bruson pour faire quand même une sorte de boucle. Je retrouve les chasseurs quelques virages plus bas, leurs chiens me font la fête, ils doivent être contents de voir un visage féminin. En fait, je me suis posé la question, est-ce qu’il y a des femmes chasseurs ? se regroupent-elles entre elles pour la même activité ? Ou est-ce un bastion masculin ? Aucun féminisme dans mes propos, juste une interrogation. Si quelqu’un peut me renseigner, je serai très intéressée.

Ensuite, une bifurcation par un excellent sentier et c’est la puissante descente jusqu’au bisse des Ravines. La forêt est magique, pleine de troncs et de pierres moussues et des feuilles qui commencent à prendre leur couleur automnale. Il me semble que les nombreuses pluies de cet été retardent quelque peu la transition. D’ailleurs les mélèzes sont encore presque totalement verts.

Je finis le dernier tronçon en mode quelque peu automatique. Pause thé et étirements avant de prendre la route du retour, avec des étoiles dans les yeux et des souvenirs merveilleux. Je dois quand même ajouter que marcher seule dans une terra incognita m’impressionne encore et donne une dimension plus forte et intense à la sortie.

Nathalie

Distance 22,6 km D+-1610m, durée indiquée 8h

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