Crêt-d’y-Bau – Le Merdasson – Jaman

13 décembre 2020

Rando-raquettes    Crêt-d’y-Bau, Le Merdasson, Jaman

Aujourd’hui les conditions hivernales se prêtent particulièrement bien à une rando-raquettes. Nathalie a une grande envie d’escalader « Le Merdasson », un petit sommet (1857 m) coincé entre La Dent de Jaman et les Rochers de Naye.
Il doit son nom selon la légende ; à ce que le Diable voulant admirer le Léman aurait posé une patte sur la Dent de Jaman et l’autre sur les Rochers de Naye et déféqué en voyant ce magnifique panorama ….

Dans le choix de l’itinéraire plusieurs options s’offrent à nous une fois le sommet gravi ; descendre jusqu’aux Allières ou aux Avants puis reprendre le MOB.
A voir.
Pour l’instant nous sommes dans le train à crémaillère MGN (Montreux Glion Naye) qui après 30 minutes de grimpée et un paysage à couper le souffle, nous dépose à la halte de Crêt-d’y-Bau départ de notre randonnée. La neige fraichement tombée nous offre un paysage féerique, seul bémol, le brouillard s’est aussi invité à notre rando …. Les raquettes fixées aux pieds, nous entamons la montée en traçant le chemin dans plus de 50cm de poudreuse. Et costaude la montée … Nous ne sommes pas seuls, un skieur nous rejoint puis nous dépasse. Sympa il nous facilite la tâche en ouvrant la voie dans la haute neige. Par contre pas très bavard notre sportif, juste un bonjour du bout des lèvres.

Visibilité nulle, c’est dans un silence ouaté, rompu parfois par le gazouillis d’une mésange, que nous arrivons à la ferme d’alpage de Chamossalaz où les panneaux jaunes du tourisme pédestre nous indiquent « la Perche 35 minutes » ; c’est notre direction. Tout est blancheur aucun repère, heureusement notre skieur a passé par là et nous n’avons « plus qu’à » suivre ses traces sans avoir besoin de nous orienter via notre application. Parcours en lisière de forêt sans aucun risque d’avalanche. Parfois il faut courber l’échine pour passer sous les branches des sapins qui ploient sous le poids de la neige. Que c’est beau tout ce blanc.

La Perche, halte sur la ligne du MGN, pour les skieurs le point de départ de la piste du Diable et pour nous le dernier palier avant d’atteindre le sommet du Merdasson que nous devinons plus que nous l’apercevons noyé qu’il est dans la brume. Mais une lueur bleutée nous indique que le soleil ne doit plus être très loin et que les nuages vont se déchirer rien que pour nous … faire plaisir !!!

C’est dans plus de 60cm de poudreuse et sur une très forte déclivité que nous progressons. Nathalie est dans son élément et montre une telle aisance avec ses raquettes à neige qu’elle prend la tête pour ouvrir le chemin. Enfin nous y sommes, nous avons conquis le Merdasson ! Pour nous restaurer, un thé chaud et un morceau de « cuchaule faite maison », puis notre traditionnel selfie … et le brouillard se déchire. Nous sommes au soleil, au-dessus de nous un ciel bleu randonnée bonheur seule la barrière des Rochers de Naye se détache massive, impressionnante, tout le reste est brouillard. Soudain un étrange anneau apparait dans le ciel. Comme un arc en ciel mais sans les couleurs … Inexplicable phénomène. Instants féeriques, magiques. Après recherche, c’est un spectre de Brocken, également appelé glorie.

Il est temps de redescendre jusqu’à la Perche. En mode rires, chutes, glissades … et en moins de 5 minutes nous y sommes alors qu’il avait fallu plus de 30 minutes pour la montée. Et malheureusement retour dans le brouillard.

Nous franchissons la voie de chemin de fer puis droit bas dans la combe, direction col de Jaman, les Cases. Nous suivons des traces de ski jusqu’à la ferme d’alpage d’Amont. Le brouillard s’est dissipé mais dommage, nous sommes dans l’ombre, alors qu’au-dessus se détache la Dent de Jaman toute ensoleillée. Nous continuons à suivre les traces de ski en nous faufilant dans un chaos de rochers et de petits arbustes. Malheureusement ce n’est plus la bonne direction nous tirons trop vers la chaîne des Gais Alpins. On vérifie sur Suissemobile, effectivement nous nous éloignons de notre tracé, demi-tour jusqu’à la ferme d’alpage.

Bref briefing ; reprendre sur le col de Jaman puis les Cases itinéraire toujours à l’ombre et dans le froid, ou remonter jusqu’à Jaman et profiter du soleil ? Il est déjà presque 13h00, nous n’avons pas encore fait de pause et mes gants, pas adaptés à ce climat, sont détrempés et mes doigts gelés deviennent tellement insensibles que Nathalie me prête ses gants … alors la décision est vite prise, direction la chaleur et le soleil …

Il nous reste, sur une distance d’environ 400 mètres, à gravir, dans la haute neige, une pente pratiquement à la verticale. Mètre après mètre nous progressons, pour ouvrir la voie nous nous relayons en tête tous les 6 à 8 pas, car chaque enjambée demande un très gros effort. Enfin nous sommes au soleil, la neige scintille de mille petits cristaux, pause pour reprendre des forces et manger une barre énergétique puis un dernier coup de collier pour atteindre Jaman.

Que faire ? d’abord pique-niquer sur la terrasse ensoleillée de la buvette de Jaman, puis rejoindre les Avants par les cols de Jaman et du Soladier, ou profiter du soleil en allant jusqu’au pied de la Dent de Jaman et reprendre le train à Jaman ?

Comme toujours c’est le raisonnable qui prime dans notre équipe. Après les gros efforts du matin « prendre le train » nous parait la meilleure des options. Nous profitons de faire le plein de soleil et apercevons une nouvelle fois un étrange phénomène ; dans la vallée un petit arc en ciel s’est formé sur un fond de brume.

Il est l’heure de redescendre non pas à Monteux mais aux Planches pour acheter, à la petite épicerie du quartier, en récompense chaque-une-un une bouteille de Smirnoff-Ice (une première pour moi) que nous dégustons assis sur le bord d’une fontaine en profitant des derniers rayons du soleil couchant.

En mode tranquille, nous rejoignons la gare de Montreux et prenons notre train régional pour Bussigny.

Longueur 3,8 km, dénivelé + 664 – 217 temps indiqué 3h26

Itinéraire

Texte Pierre-André, photos Nathalie & Pierre-André