Les gorges de la Borgne – Euseigne – Ossone – Longeborgne

4 juin 2021

Les gorges de la Borgne, du nom de la rivière, se situent près de Sion, à Bramois, plus précisément. C’est de là que démarre notre randonnée. Au départ visiter l’ermitage de Longeborgne, sur la rive droite, puis remonter les gorges pour les traverser et rejoindre Euseigne sur la rive gauche et retour.

Cet itinéraire, je l’avais déjà fait, il y a bien des années, et, comptant sur mes souvenirs, je n’ai pas tracé la randonnée.

Depuis le parking de Bramois, nous longeons la Borgne sur un joli sentier bien tracé et sécurisé. Au-dessus de nous se dressent, nous dominent, de hautes falaises. Après plus d’une vingtaine de minutes de marche, toujours pas d’ermitage.

Devant nous une passerelle en bois, notre chemin traverse la rivière pour rejoindre la rive gauche alors que Longeborgne se trouve sur la rive droite. Je n’ai pas pris la bonne direction.

Je suis confus, tendu – revenir sur nos pas ? – désolé!

– Faisons d’abord le point sur Suissemobile, et adaptons notre randonnée, me suggère Nathalie.

– Je te propose, d’abord Euseigne et ses célèbres pyramides, puis traverser à nouveau la Borgnes et redescendre sur Bramois en passant par Ossone et terminer par l’ermitage de Longeborgne.

Et c’est parti ; par un escalier de bois raide comme une échelle, puis un sentier au dénivelé impressionnant, nous nous élevons rapidement en surplomb de la Borgne pour y découvrir un paysage époustouflant.

Tout évoque en nous un paysage méditerranéen. Un ardent soleil, une végétation composée de pins, de futailles de chêne, un air pur, chargé d’effluves de résine et de térébenthine, au fond des gorges, le bruit sourd de la rivière qui a creusé de hautes falaises, certaines de couleur ocre.

Une balise jaune : « Evolène 2h10 »… ok nous sommes sur le bon sentier. Sentier qui par endroit devient délicat, petit gravillon roulant sous nos pieds, en pente raide ; tellement raide et glissante que s’est accroupis, agrippés aux racines et aux rochers, parfois sur les fesses, que nous franchissons ce passage délicat. Nous débouchons sur un pâturage à flanc de coteau, herbe rase comme du gazon, certainement une pâture pour les moutons.

Soudain, des panneaux nous indiquent que le chemin est interrompu.

Un torrent l’a emporté. Passage scabreux, fort heureusement, quelques cordes fixées provisoirement, nous permettent de nous agripper et de le franchir en quelques bonds, de pierres en pierres en pataugeant dans l’eau !

Puis à nouveau le paysage change, la végétation devient luxuriante, très boisée, je passe en tête pour couper les nombreux fils que les araignées ont tendu en travers de notre chemin…;

.- on se croirait au Tessin.

.- sauf qu’il n’y a pas de châtaigniers…

Nos estomacs nous rappellent qu’il est temps de se poser pour manger.

Sur une pierre plate, à l’ombre d’un arbre, le pique-nique, agrémenté par le joyeux gazouillis des mésanges.

Toute bonne chose à une fin, Euseigne est encore loin. Le chemin redescend jusqu’à la Borgne, Un panneau attire notre attention ; la présence de sources d’eau chaude.

Qu’il est tentant d’aller voir de plus près et peut-être de s’y baigner.
Effectivement, une source, chaude, sort de la verdure. De petits bassins permettent de faire trempette dans une eau à 29 degrés. Bon, on retire chaussures, chaussettes et pantalon, mais sans beaucoup d’enthousiasme, l’endroit n’est pas vraiment folichon.

Nous ne nous attardons pas. Il est temps de quitter à nouveau La Borgne pour rejoindre Euseigne et aussi de remplir nos gourdes. Une longue grimpée, sous une chaleur accablante (la première de l’année) ! Au loin, se détachent les pyramides et leurs étranges chapeaux, posés comme par miracle, en équilibre sur leurs cônes.

Pas âme qui vive dans le village endormi. Un bruit sympathique, le glouglou d’une fontaine. L’occasion de remplir nos gourdes. Sortant d’Euseigne, nous cheminons le long de la route principale, direction La Luette.

En face, nous apercevons le sentier que nous allons devoir emprunter pour franchir une passerelle, suspendue au-dessus des gorges, qui nous amènera au village d’Ossone. A voir, le sentier est en plein soleil !!!

Mais d’abord descendre, franchir la Borgne pour se retrouver sur la rive droite.

– Nous avons effectué la moitié de la randonnée, me précise Nathalie !

Ça monte à nouveau, il fait chaud, très chaud, heureusement que nos gourdes sont pleines.

L’environnement ; de la caillasse surchauffée et des plantes grasses. Enfin nous atteignons la passerelle suspendue au-dessus du torrent de la Mounire. 130 mètres dans sa longueur.

Nous la franchissons, sans crainte, grâce à sa barrière, et dire que sans ce mince garde-fou, le cerveau refuserait d’avancer.

Nous rêvons d’un Coca… rêve qui se réalise à Ossone, petit hameau composé d’anciens mazots remis en état pour accueillir un gîte rural. Un bel exemple de tourisme doux. Son auberge est accueillante, et la pause,bienvenue.

Rafraîchis, nous reprenons le chemin. Mais pas évident de retrouver la direction pour Bramois. Désorientés, c’est grâce à Suisssemobile que nous retrouvons la bonne direction.

Nous traversons un immense pâturage où paissent, éparpillés, disséminés, des centaines de moutons. Un environnement, calme, paisible, en fond sonore, le léger tintement des clarines que portent quelques brebis, même pas effarouchées par notre présence.

Le sentier s’élève. Plus de jus … je dois relancer au mental, le chemin s’élève encore et toujours.

– Mais fichtre !!! il faudra bien redescendre une fois !!! que diable !!!

Ca y est ! la descente est amorcée, un large chemin, en pente douce, puis nous retrouvons le vignoble et une odeur qui ne trompe pas, les traitements phytosanitaires…

Puis à nouveau les falaises, et dans le fond, le bruit sourd de la rivière, de lacets en lacets, nous atteignons l’ermitage de Longeborgne. Lieu de pèlerinage, passage pour les pèlerins de Saint Jacques de Compostelle. Visite de la chapelle, j’allume un cierge et sur le banc une brève halte pour se reposer.

Au-dessus de Derborence de gros nuages orageux s’élèvent.

Bramois est à quelques pas, une envie mutuelle de boire un vin blanc, bien frais, du pays.

Une pente douce, en suivant le chemin de croix, nous amène tout naturellement à la sortie des gorges.

Une terrasse accueillante nous tend les bras et met un terme à notre randonnée… Devant nous deux verres de Johannisberg, robe dorée, en bouche, un léger goût de résine, frais à souhait, servit par la tenancière, qui nous raconte en quelques mots, son parcours de vie. Un bel échange, avec une très belle personne.

Un moment d’infini bonheur. L’air doux du soir, les vignes, les montagnes au loin où gronde déjà l’orage. Quel bel endroit pour conclure notre incroyable randonnée :

24 km ,1500 mètres de dénivelé, en trois montées et descentes, des paysages extrêmement variés.

Quelques gouttes de pluie, prémices du violent orage qui va bientôt éclater sur la vallée du Rhône et dans nos cœurs.

Itinéraire

Distance 23.900 km durée 8h24 dénivelé + 1547 m – 1547 m

Texte Pierre-André photos Nathalie et Pierre-André