Samedi 23 octobre 2021
Après quelques escapades en Valais, envie des Préalpes fribourgeoises.
Je commence par voir un aigle et les traditionnels chamois broutant au milieu des vaches au début de la route des Baudes au-dessus de Grandvillars. Le parking est encore à l’ombre, tout est recouvert de givre, l’idée est de rejoindre les Merlas puis les Vans et redescendre sur Bounavau.
J’avais essayé ce parcours dans l’autre sens à l’automne passé, le mauvais temps et la neige invitée surprise à Bounavau m’avaient fait renoncer. Aujourd’hui le temps est sublime et je chemine le long de la route par le Rio, Chalet Neuf et Chalet d’Amont. Le givre recouvre de dentelle et met en relief la végétation. À l’alpage des Vanils le soleil me rejoint. Comme d’habitude, l’ivresse et l’euphorie des montagnes me gagnent et je dépasse les Tservettes sans vérifier la carte, d’autant qu’un chemin suit les clôtures jusqu’à l’orée de la forêt. Je suis de nouveau à l’ombre et tout est givré. Un Monsieur est là en train de démonter les clôtures et nous discutons ensemble un bon moment. Il m’apprend qu’il aide des amis agriculteurs et qu’ils sont obligés d’enlever les piquets et les fils car avec les avalanches ils les retrouveraient au fond de la vallée. Et moi qui pensait que c’était pour les amateurs de peau de phoque !
Il me demande si je monte par ce « chemin » ce que je luis confirme, il me souhaite bon courage et de m’aider des piquets le cas échéant. En effet, la montée est rude, je suis les pas laissés par les vaches. Malgré la pente et le givre, je tiens bien. Au bout d’un moment, je me demande quand même où j’en suis et je me rends compte en effet que je n’ai pas du tout suivi le chemin. Il ne me reste plus qu’à continuer la montée jusqu’aux clôtures transversales et rejoindre le col entre les Merlas et les Vans. Je prends conscience du labeur des alpages pour monter et démonter les clôtures à chaque saison et remercie mon erreur qui m’a permis cette rencontre enrichissante. Je marche pour mon plaisir, eux c’est leur gagne-pain.
Depuis là, les Merlas sont toutes proches et je bénéficie d’une vue et d’une clarté incroyable. Une petite pause puis je repars en direction du 2e sommet de la journée. La montée m’impressionnait depuis les Merlas et encore autant tout près. Montée entre sol gelé et boue et ça passe finalement bien. Au sommet, je découvre avec amusement que je suis à l’altitude de mon année de naissance. Il y a quelques personnes présentes et nous sommes tous en admiration et contemplation. J’appréhende quelque peu la descente de l’autre côté et je profite du départ de certains pour les suivre. Ça me rassure.
Finalement, la descente bien exposée au soleil est sèche et se déroule rapidement jusqu’à col de Tsermon. Je ne sais plus où regarder tellement c’est beau ces montagnes entre roches et herbe jaunie. À Bounavau, j’envisage mollement de pousser jusqu’à Bounavaletta, avant de renoncer. En fin de saison, je préserve mes ressources, comme la nature. Je fais une longue pause au soleil et profite du paysage et des rires des enfants présents.
La descente jusqu’à parking est agréable, quelques endroits encore gelés et des arbres dorés féeriques.
Ce parcours classique comporte un bout de route goudronnée, certains coupent certainement à travers ! Pourtant je suis ravie de ma journée, de cette belle rencontre et des couleurs magiques, de la nature généreuse. Aujourd’hui, l‘exploit n’est pas le parcours, c’est le plaisir ressenti.
Nathalie 🥾
Distance 10km, D+- 880m durée indiquée 4h20