Quand j’ai randonné sur la via Francigena étape 9 ce printemps, j’ai tout de suite pensé passer mes vacances à Bourg St Pierre.
Quelques jours après, quand j’en parle à un pote, il me propose spontanément de me louer son appartement sur place. Merci Christian.
Pour le premier jour de randonnée, je décide de rejoindre Bourg St Bernard par le chemin d’altitude qui passe par Tsalevey et de revenir soit avec le bus local ou à pied en longeant le lac des Toules.
Je pars directement à pied depuis l’appartement, j’adore, avec une lumière et une météo de carte postale.
Je remonte d’abord le vallon du Valsorey, où les traces des fortes pluies des dernières semaines sont encore visibles. Je bifurque sur un sentier bucolique qui s’élève en lacets dans la forêt avec quelques échappées sur la vallée. Je sors de la forêt et arrive sur une large crête avec la vue sur le Lac des Toules et au loin les sommets autour du Grand St Bernard et de l’autre côté ceux du vallon de Valsorey. Je poursuis en direction de Tsalevey que je rejoins rapidement. Depuis là, je peine un peu à trouver le chemin tellement les herbes sont hautes et le sentier peu utilisé. Je retrouve un sentier plus marqué et me laisse gagner par la magie de l’endroit.
Je m’arrête pour pique-niquer sur une butte au milieu des rhododendrons et profite de rêvasser un bon moment avant de repartir. Un point sur l’horaire du bus et le trajet qu’il me reste et je décide de faire le retour à pied.
Une petite retenue d’eau peu profonde, alimentée par trois torrents me tend les bras et ni une ni deux je me trempe avec délice dans une fraicheur ravigotante à souhait. Le passage à gué des torrents réunis lave mes pieds et chaussures efficacement et donne le ton de ces vacances.
Je passe Bourg St Bernard rapidement tant la désolation du lieu est visible et me voici sur un large chemin longeant la rive gauche du lac des Toules. Des fleurs, des papillons accompagnent mes pas. Je m’arrête à la buvette et nous échangeons avec un cycliste de nos chemins respectifs.
Je repère déjà une idée pour une prochaine sortie en observant les panneaux pédestres.
Je finis par la descente sous le barrage en observant (ou est-ce elle qui m’observe ?) une jeune marmotte sous un rocher.
Distance 15km – dénivelé ↑↓820m – durée indiquée 4h56
Le lendemain, journée tranquille et touristique au col du Grand St Bernard où je constate que la neige est encore trop présente (pour moi) au col de Fenêtre. Baignade dans le lac du col très frisquet, avec encore quelques icebergs et visite du Musée. Au retour, repos et lecture dans le jardin botanique de la Linnaea.
Le jour suivant, je décide de rejoindre la Gouille du Dragon, au-dessus du barrage des Toules en direction du col du Névé de la Rousse en sachant que je n’irai pas jusqu’au col encore trop enneigé.
Je monte jusqu’au barrage par le chemin emprunté il y a deux jours et je retrouve les jeunes marmottes sur le même rocher. Quelle joie.
Direction la Lette, première ferme d’alpage et un chemin de traverse plutôt boueux et crotté par les vaches d’Hérens qui me regardent passer nonchalamment.
Je rejoins la route carrossable qui va à la Fournoutse. Depuis là, le chemin se rétrécit et je rentre dans une vallée sauvage à souhait où les marmottes batifolent et les rhododendrons et fleurs alpines s’épanouissent pour mon plus grand plaisir. J’arrive aux Planards, une magnifique maison en pierre et ses dépendances, entretenue et bichonnée.
Je poursuis mon chemin et traverse un premier torrent qui me rafraichit les pieds et les chaussures, puis un deuxième encore plus vigoureux qui s’étale sur le sentier. Je réfléchis sachant qu’un peu de pluie est annoncée et que la neige qui fond grossit les torrents. Je décide de continuer en me disant qu’à la première averse je ferai demi-tour. Le chemin monte maintenant en lacets, je trouve de plus en plus d’eau sous mes chaussures jusqu’à ce que le chemin se transforme en torrent bouillonnant. J’observe la carte, il y a quelques lacets puis une sorte de plateau avec un torrent à traverser plusieurs fois et un petit lac avant la destination du jour. Je rebrousse donc chemin et retourne aux Planards pour manger. Les marmottes ont disparu remplacées par des rapaces me survolant à plusieurs reprises.
Je redescends jusqu’au barrage où l’averse me surprend. Je m’arrête à la buvette le temps de la laisser passer et raconte que j’ai fait demi-tour au patron. Il me dit que j’ai bien fait, car un habitué est monté quelques jours auparavant, il a glissé sur des névés encore présents autour de la Gouille. Je rentre avec le soleil et en retrouvant mes copines marmottes.
Distance 16.6 km – dénivelé ↑↓900m – durée indiquée 5h15
Le jour suivant, je choisis de me rendre au col de Mille. J’y suis déjà allée en 2021 depuis le val de Bagnes en fin de saison et je compte bien profiter de la cabane cette fois-ci.
Je rejoins rapidement Notre Dame de Lorette puis monte par une route carrossable jusqu’au Creux du Mâ.
Déjà la vue est magnifique, je profite de la fontaine pour boire et remplir ma gourde et repars en direction de Boveire d’en Bas et de l’alpage du Cœur.
Je croise deux randonneuses, elles me confirment que le sentier est exempt de névés. La montée depuis Boveire est abrupte puis le chemin s’adoucit et rejoins l’alpage à flanc de coteau.
Je m’arrête pour un premier en-cas, il reste environ 2h jusqu’au col. Je repars dans un paysage de rêve, des fleurs, un torrent, un petit vallon et un troupeau de vaches (avec des cornes) comme posées pour enchanter le lieu. Je croise un randonneur et nous discutons quelques minutes. Il a été berger pendant 4 ans sur l’alpage et revient pour voir « ses » vaches.
J’arrive à la Vouardette à 2462m et la cabane est en vue. Il me faudra quand même une petite heure pour la rejoindre avec le sentier qui monte, descend, remonte, redescend le long de la combe.
Enfin j’y suis. Il y a du monde, je partage la table de trois randonneuses venues de Bruson et nous échangeons avec plaisir. La vue sur le val Ferret, le val de Bagnes et leurs sommets un peu dans les nuages me ravit. Je mange enfin mon sandwich et savoure une excellente part de Linzertorte. Merci à l’équipe en cuisine.
Puis je reprends le même chemin pour le retour. En passant au Creux du Mâ, je prends note de la direction d’Azerin pour une autre balade potentielle. C’est la première et seule randonnée pieds secs.
Distance 25km – dénivelé ↑↓1393m – durée indiquée 8h
Le lendemain est un jour de pluie, parfait pour me reposer.
La journée suivante est ensoleillée avec des nuages sur les sommets et je choisis le chemin des hameaux d’Entremont depuis la Douay jusqu’à Liddes dans le sens inverse pour me donner un joli dénivelé positif.
La Rosière est un joli hameau et je mange sur le parvis de l’église. Je continue tranquillement entre fermes, pâturages et profite de la flore encore très présente. Commeire est un village complètement rénové et dédié aux vacanciers. Depuis ce village, je passe par forêt, pâturages, troupeau de vaches d’Hérens et quelques torrents fougueux. Puis c’est la descente sur Liddes depuis Chandonne où je bois une bière en attendant le bus régional. C’est une balade plutôt d’entre saison à mi-hauteur avec de beaux chalets et mazots.
Distance 18,2 km – dénivelé ↑1036m↓616m – durée indiquée 5h36
Je décide de retrouver les hauteurs en me rendant à la cabane du Vélan. J’y suis déjà allée il y a une vingtaine d’années sans souvenir précis. Je démarre sous un ciel bleu azur et rejoins facilement l’alpage de Cordonna. Je poursuis par un sentier bucolique et verdoyant le long du Valsorey. Il y a du monde sur ce trajet, dont des familles avec de jeunes enfants. La traversée d’un torrent tumultueux équipé d’une corde mouille à nouveau chaussures chaussettes et pieds. La suite du chemin les séchera naturellement. Le dernier tiers du chemin est pentu et très irrégulier et me demande beaucoup de ressources.
Quand j’arrive la terrasse est remplie. Je m’installe sur un promontoire rocheux avec une vue imprenable sur le glacier pour manger mon pique-nique. Quelques places se libèrent et j’en profite pour déguster une tarte aux abricots délicieuse. De lointains bouquetins traversent un névé et créent l’effervescence sur la terrasse pendant quelques minutes.
Au moment de repartir, une des familles arrive avec leurs deux filles toutes fières, bravo!
La descente par le même chemin, avec lavage automatique des chaussures, se déroule facilement.
Avant de rentrer à l’appartement, je profite d’aller visiter le Moulin du Valsorey rénové par une poignée de bénévoles accueillants et sympathiques.
Distance 14.6 km – dénivelé ↑↓ 1080m – durée indiquée 5h37
Le lendemain, je décide de parcourir l’étape 10 de la via Francigena, depuis Bourg St Pierre jusqu’au col du Grand St Bernard.
Je démarre par le chemin aux fidèles marmottes jusqu’au barrage des Toules, puis longe le lac du même nom jusqu’à Bourg St Bernard.
Après c’est un joli sentier qui serpente dans cette nature où se côtoie rhododendrons, vaches et marmottes. Arrivée vers l’alpage de la Pierre, j’en surprends une qui détale et je ne saurais dire qui a eu le plus peur.
Depuis là, le sentier est souvent proche de la route et je conseille de randonner sur ce tronçon en semaine afin d’éviter le trafic.
La montée est régulière et le chemin plutôt facile. Vers les Tronchets, je rencontre un randonneur au long court qui cumule plus de 1000 km depuis le nord de Paris. Il marche par série de 7 à 9 jours plusieurs fois par année. Pour cette fois, il va s’arrêter à Aoste et revenir ultérieurement pour rallier Rome. Nous atteignons le col ensemble et nous souhaitons bonne route.
J’ai bien évidemment l’idée de me baigner, pourtant un vent frais souffle, mes habits sont humides de transpiration, j’hésite et me pose plutôt pour manger.
Après cette pause bienvenue, l’envie est là, et je nage sous les yeux médusés de quelques touristes. L’eau est meilleure ! que la semaine précédente et les glaçons ont disparu.
Je redescends par le même chemin jusqu’à Bourg St Bernard. En attendant le bus, je rencontre un habitant de Bourg St Pierre qui a fait le sentier d’altitude par Tsalevey et nous rentrons ensemble en babillant comme des potes.
Distance 18 km – dénivelé ↑1053m↓793m – durée indiquée 5h49
Encore un jour de beau temps, et je choisis de rejoindre Azerin par le Creux du Mâ puis de continuer en direction de la cabane de Valsorey tout en sachant que je ne l’atteindrais pas, il y a quelques 5 h aller simple.
Je rejoins le Creux du Mâ, de jeunes marmottes batifolent dans l’herbe. Je bifurque direction Azerin.
A Challand, je patauge un peu dans les hautes herbes avant de trouver le chemin face à un troupeau de Highlands peu disposées à me laisser passer.
Quelques voitures sont parquées pour gagner un précieux temps sur le trajet jusqu’à Valsorey. Je rejoins Challand d’en Haut et j’entre dans une magnifique vallée sauvage. Un sentiment diffus d’anxiété me saisit et je décide de pique-niquer puis de faire une sieste avant de repartir. Je grimpe un petit quart d’heure et me rends à l’évidence, il est préférable de rebrousser chemin tellement je me sens mal à l’aise. Passé les premiers virages, je retrouve mon bien-être et rejoins Challand facilement. La descente continue depuis là par une route carrossable.
Distance 12.7 – dénivelé ↑↓844m – durée indiquée 4h30
Une petite virée de 2 heures le matin suivant au-dessus du village me permet de me remettre en confiance et de finir ces vacances en beauté.
Nathalie